
Valentin Vanghelescu est maître de conférence à l’université Ovidius de Constanta (Roumanie) un des précieux partenaires d’Europavox Campus. Il partage avec nous son travail d’enseignant dans le master Journalisme, Relations Publiques et Développement Interculturel, ainsi que son expérience dans l’organisation de la finale régionale Europavox à Constanta.
L’Université Ovidius est une institution prestigieuse d’Europe de l’est qui propose un large éventail de programmes, dont le journalisme. Pouvez-vous nous en dire plus sur le programme de journalisme?
Notre programme couvre une large variété de sujets. Nous proposons des cours de journalisme mais nous intégrons aussi des sujets comme les relations publiques ou la publicité.
Mes cours sont très pratiques. J’enseigne la production vidéo et la production sonore, la télévision, la radio et le podcast. Je donne aussi un cours de multimédia. De plus, nous abordons des sujets de sociologie, d’études culturelles et d’histoire. C’est un programme varié qui prépare les étudiants aux nombreuses compétences demandés aux journalistes modernes.
Pourquoi pensez-vous que le journalisme est important aujourd’hui ?
De mon point de vue, le journalisme est un service public crucial, au même titre que la santé ou l’éducation. Les journalistes jouent un rôle vital pour s’assurer que les citoyens ont la connaissance nécessaire pour naviguer dans la société et s’impliquer auprès des institutions.
Sans le journalisme, les gens n’auraient pas les outils dont ils ont besoin pour comprendre et intéragir avec les structures qui façonnent leurs communautés. Il forme un pont entre les citoyens et le monde autour d’eux.
Vous enseignez aussi un cours de multimédia. Comment voyez-vous l’impact des avancées technologiques – et surtout l’IA – sur le journalisme, et en particulier sur le journalisme culturel ?
Dans mon cours de multimédia, j’appuie sur l’esprit critique. Je dédie spécifiquement un cours magistral et un TD à l’IA, explorant comment elle est utilisée aujourd’hui.
Nous avons examiné des artistes qui créent des peintures digitales avec l’IA, et cette année, un de mes étudiants a même composé une chanson en utilisant l’IA. La chanson avait un thème politique et reflétait l’intensité des élections de cette année, c’était une pièce militante.
Nous faisons aussi des analyses critique des réseaux sociaux et des plateformes digitales, en reconnaissant leur pouvoir important pour aider les individus et leur potentiel destructeur pour notre institution.
Le journalisme moderne fait dace à des enjeux éthiques, en particulier avec le clickbait (titres racoleurs) et l’influence des mesures numériques sur les décisions éditoriales. Comment les journalistes peuvent-ils maintenir leur intégrité dans ce paysage?
Un des plus grands enjeux auquel nous faisons face est la responsabilité, non seulement à l’ère du digital mais aussi dans les médias traditionnels.
Lorsqu’il s’agit des réseaux sociaux, la responsabilité incombe aux personnes qui publient du contenu. Néanmoins, les plateformes autorisent et diffusent le contenu sans système structuré qui permettrait d’en vérifier l’exactitude. Par conséquent, la vérification des faits est attaquée en particulier dans des formats multimédia, où tout le monde peut créer et partager du contenu en ligne.
L’intelligence artificielle est un outil puissant qui nous permet créer des choses incroyables mais qui génère aussi du contenu trompeur, notamment dans le journalisme vidéo. Pensez-vous qu’il existe un moyen de s’assurer qu’ l’IA soit utilisée comme un outil positif plutôt que dangereux, en particulier dans le monde du journalisme et des actualités ?
L’éducation aux médias est essentielle. Les gens ont besoin d’être éduqués au sujet des outils disponibles de nos jours.
Néanmoins, mon expérience a montré qu’une fois que les gens croient en la désinformation, il est incroyablement difficile de leur faire changer d’avis, même si on leur explique avec des faits. Il est frustrant d’échanger avec des gens qui croient les fake news (fausses informations) et les désinformations, surtout lorsqu’il n’existe pas de moyen fiable de leur prouver la vérité.
La meilleure solution reste l’éducation, en commençant très jeune. Il y a quelques années, j’ai dirigé un atelier pour lycéens en Allemagne, Italy et Roumanie, accompagné d’un étudiant mexicain. Au Mexique, le journalisme subit plus de pression, certains reporters font face à des arrestations et même des menaces de mort.
A travers cet atelier, les étudiants ont acquis des connaissances précieuses. Néanmoins, le défi est toujours présent: lorsque l’on vérifie les faits et que l’on supprime des faux contenus, les gens affirment souvent que c’est une attaque à la liberté d’expression. Aujourd’hui, le journalisme doit trouver un juste milieu entre prévenir contre la mésinformation et respecter le droit à la parole. Certains dépendent la mésinformation en disant que c’est de la satire, ou une blague. C’est pourquoi il est crucial d’avoir des discussions sur ce qui constitue la satire et le journalisme responsable.
Que pensez vous de l’état du journalisme musical aujourd’hui, en considérant les changements dans l’industrie de la musique ? Vous mentionnez qu’un de vos élèves a créé une chanson en utilisant l’IA. Le journalisme musical est-il toujours essentiel ?
Bien entendu ! Le journalisme spécialisé reste essentiel.
Je me rappelle que lorsque j’étais étudiant, le journalisme environnemental émergeait en tant que nouveau domaine. Aujourd’hui, nous avons besoin de journalistes spécialisés dans la culture, la musique et la technologie. Ces domaines demandent de l’expertise, et tout le monde ne peut (ou ne devrait) pas devenir journaliste.
Que représente Europavox Campus pour vous sur le plan personnel ? Vous êtes profondément impliqué dans ce projet et, en tant que jeune enseignant, vous avez été le témoin direct de l’évolution des médias et de la technologie.
La music a toujours été une de mes passions: j’adore chanter et peindre. Mais avec le temps, d’autres choses ont pris le pas sur ces passe-temps. Avec Europavox, je me suis reconnecté à mon amour pour la musique.
J’ai toujours été un fan de l’Eurovision, par conséquent, faire partie d’Europavox est passionnant. C’est une expérience incroyable pour se mobiliser avec des jeunes, entendre des voix et des cultures différentes, et partager des moments au delà de la musique: la nourriture, la langue et les connexions sociales.
D’un point de vue académique, Europavox a donné à mes étudiants des opportunités incroyables. A l’origine, c’était simplement un projet musical, mais durant la deuxième et troisième édition, nous avons introduit des rôles pour les étudiants en journalisme, industries créatives et relations publiques. Cela leur a apporté une meilleure compréhension sur la production d’évènements et le paysage médiatique.
Quels conseils donneriez vous aux jeunes qui souhaiteraient étudier le journalisme?
Le journalisme c’est une des carrière les plus passionnante parce que cela vous permet d’explorer, observer et apprendre quelque chose de nouveau tous les jours. vous ne vous ennuierez jamais dans ce domaine !
Même si vous êtes introvertis, ou que vous avez du mal avec la communication, le journalisme peut vous aider à grandir et évoluer. C’est une profession qui encourage un développement personnel et professionnel.