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Comment les collectifs musicaux peuvent façonner un meilleur avenir


30 Jan 2025
Comment les collectifs musicaux peuvent façonner un meilleur avenir

De nos jours, les jeunes apprécient de plus en plus la collaboration dans les domaines créatifs. Dans le domaine de la musique en particulier, la communauté devient le « mot clé » pour cultiver un terrain créatif commun, de différentes manières, ouvrant la porte aux opportunités pour explorer la performance et la transmission musicale non seulement comme un symbole formidable de regroupement, mais aussi comme une part importante de l’expression qui aide à former et soutenir des communauté, et, probablement, créer un avenir brillant et uni pour la musique.

« Pour n’importe qui qui voudrait plonger dans le monde de l’évènement ou de n’importe quel projet, s’impliquer dans un collectif apporte vraiment ce sens de la connexion et de l’apprentissage pratique! » déclare Maëlys Dubois, chargée de développement à LieU’topiE, un collectif qui favorise le sens de la communauté et accueille un espace d’explorations culturelles à Clermont Ferrand. Le collectif propose un programme culturel riche avec des débats, des concerts, des expositions, des rencontres et des soirées jeux tout en offrant un large éventail de services pour les étudiants.

« LieU’topie a évolué et s’est adapté au fil des années, notamment avec les défis liés à la pandémie. Le coeur de notre mission – aider les étudiants et combattre la pauvreté et la précarité – reste au centre, et nous avons incorporé ces standards principaux dans les évènements culturels que nous organisons. En Mars, il y a deux évènements importants: le début d’Europavox Campus (premier tremplin musical européen pour étudiants) et Femmes de Mars. C’est une initiative accueillie à LieU’topie depuis sa création, en 2018 et mise en place avec des principes anti-discrimination. On célèbre à la fois la scène musicale locale et les causes sociales importantes que nous défendons. »

Europavox Campus 2024

L’accent mis sur l’éducation est particulièrement important pour le collectif, et il est rafraichissant d’entendre que leur travail prends racine dans le respect et l’inclusion.

« En faisant partie de plusieurs associations, j’ai développé une perspective sur comment les différentes organisations fonctionnent et collaborent, en particulier dans l’organisation d’évènements musicaux en live. L’association du travail technique, de la communication et de la programmation évènementielle est un moyen parfait pour non seulement développer des compétences mais aussi construire un sentiment d’objectif commun avec les autres » explique Maëlys en souriant.

Clermont Ferrand fait partie de ces endroits où la scène musicale est liée à des groupes talentueux qui travaillent ensemble et créer des merveilles, entretenant une connexion qui coule dans les veines de la ville.

OSBLC est une association basée à Clermont-Ferrand dirigée par quatre femmes fortes, qui évoluent dans le chômage ou dans des situations de travail précaires. Nous faisons correspondre notre intérêt pour la musique, comme le rap, l’électro, le reggaeton, et les esthétiques musicales où les femmes et les personnes LGBTQIA+ sont difficiles à trouver » explique Anaïs Dedit, co-fondatrice de l’association.

OSBLC Production réalise un travail incroyable, en combinant le pouvoir de l’art et du dialogue pour aborder des problèmes essentiels comme le sexisme, la violence et le racisme. L’accent mis sur l’intersectionnalité est particulièrement important, car il reconnaît que les individus subissent l’oppression par le biais de systèmes de privilèges et de discriminations qui se chevauchent. Jam sessions, programmation culturelle et débats semblent tous d’excellentes manières d’engager des conversations, développer la solidarité et sensibiliser autour de ces sujets cruciaux.

Anzu Credits: Adrien Tisserand

Trop souvent, les artistes émergents faisant partie de groupes marginalisés font face à des obstacles simplement en sortant le pied dehors, c’est pourquoi OSBLC propose des opportunités qui n’existeraient pas sinon. « Nous sommes fiers de produire la rappeuse locale Anzu. Sa chanson « Reine de Coeur » offre un regard consterné sur le monde d’aujourd’hui. Du Mama Festival au Bars en Trans, nous l’avons soutenu ainsi que le beatmaker CoeurBalance pour sensibiliser sur la santé mentale, un sujet qui a beaucoup affecté la génération Z. Et maintenant, nous sommes heureux de soutenir la sortie de son premier EP « Danse Macabre » ! » déclare Anaïs. Au centre culturel Lieu-Dit, l’évènement « Collusiiion » a créé un espace de conversations, et la programmation qu’ils ont élaborée – de Creamy G et Yanka à des talents locaux comme ShaddyBloo et Lizoto – témoigne vraiment de leur engagement en faveur de la diversité. Ils ont même créé un lieu spécial dédié à l’hyperpop et on fait venir YapasMIEux, un collectif de citoyens engagé pour les mineurs non accompagnés rendant l’évènement encore plus spécial.

Mais pourquoi les collectifs musicaux sont-ils en pleine expansion ? Certains diront que c’est une sorte de stratégie, ou l’évolution de la demande dans l’industrie de la musique mais Anaïs Dedit a une interprétation différente.

« Je pense que c’est à la suite de la pandémie, et avec les challenges économiques actuels, quand les gens ont commencés à perdre du pouvoir d’achat. Et maintenant, nous construisons une nouvelle manière de ‘consommer’ la culture. Les gens ont besoin de faire partie de l’expérience d’un évènement et d’échanger autour de l’engagement. Ce que Thomas Legon dit à propos de la musique ‘fonctionnelle’ résonne vraiment avec ce que je pense -comment la musique peut être un outil pour la connexion et pas seulement pour la perfection artistique. Lors de nos évènements, nos amis et nos familles viennent nous aider à la billetterie, il peuvent tenir le bar pour la soirée, et nos parents créer le meilleur service végétarien, en n’y connaissant rien à la musique! »

Credits: Padmashots @LieuDit

OSBLC est profondément ancrée dans l’esprit collaboratif et vibrant de la scène culturelle de Clermont Ferrand. « Clermont Ferrand est un endroit ou tous les rêves sont permis! Avec OSBLC, nous avons vécu de nombreuses collaborations enrichissantes, par exemple avec Clermont Afro’Fest (culture africaine et afro-descendante), Sironastra (féminisme, performance burlesque), Contrpoint (electro, musique collective), La Logique du Sens (collectif musical féministe) et d’autres comme Somme Toute, La Tolerie,et Zaoum. La programmation que nous avions faite pour le premier jour de DarkLab, un festival de musique créé par Biscuit Production et DarkLab, dans les marges du Festival International du Court Métrage de Clermont Ferrand était incroyable ! Notre collaboration avec ASM (Associations des Superviseurs Musicaux) et Risque Nul a été un exercice gratifiant qui a permis de rassembler plus de 55 associations, chacune avec son propre point de vue, et de canaliser ce pouvoir collectif dans un événement musical », dit-elle.

Anaïs Dedit

Le besoin d’un meilleur soutien financier et de confiance en ces initiatives populaires et DIY est critique -la créativité et l’habilité à rassembler des gens ne devrait pas se faire au détriment de la durabilité. Anaïs Dedit envoie un message poignant « Soutenir les initiatives locales et écouter d’avantages de femmes -en particulier celles faisant partie de groupes marginalisés- est essentiel pour faire évoluer le paysage culturel. En donnant de la voix à leur expériences, par le biais de playlists, performances ou simplement en leur donnant de l’espace dans les salles locales, nous aidons à la création d’une scène musicale plus inclusive. »

Il est fascinant de voir combien de collectifs apparaissent à travers l’Europe, chacun contribuant à sa manière à la création de la communauté, l’activisme et les arts. Par exemple, Femergy Collective en Allemagne, rassemble des femme artistes indie dans un espace partagé qui valorise la créativité et la solidarité. A Bergen, en Norvège DOT est un collectif d’artistes, producteurs, DJs et spécialisé dans l’organisation d’évènements technos. En Lituanie, Melos et un collectif de femmes qui cherche à créer un espace pour la pratique de musiques réduites et expérimentales. Hali Gali, basé à Belgrade, est connu pour rassembler plusieurs groupes des Balkans (Vizelj, KOIKOI, Šajzerbiterlemon). Le jeu de mots entre Medea et Media, dans le grec Medea Electronique, relie la mythologie classique à l’ère numérique – un clin d’œil à la manière dont le travail du collectif pourrait remettre en question ou explorer la relation complexe que nous entretenons avec les nouveaux médias, la technologie et l’art. Depuis 2009, le collectif organise la résidence artistique internationale de 10 jours Koumaria.

Les collectifs musicaux sont des espaces sûrs, qui laissent la porte ouverte à la créativité et la confiance en soi. Le soutien d’un groupe de personnes qui partagent un passion commune pour la musique motive les artistes à grandir sans arrêt et à engendrer des changements profonds et significatifs. Alors lancez vous ! Cherchez une part de la communauté qui existe déjà et trouvez des personnes partageant le même état d’esprit grâce à elle.

Avez-vous envisagé de rejoindre Europavox Campus vous même? Que vous soyez musiciens ou simplement que vous aimiez la musique, on vous invite à plonger dans notre communauté pour échanger avec d’autres jeunes à travers l’Europe, qui partagent une passion pour la musique et ayez la chance de découvrir d’autres cultures et sons.

Si on écoute ceux qui le vivent déjà, c’est une expérience incroyable.

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