Un continent connecté: comment les médias peuvent informer, inspirer et connecter les jeunes européens

A l’heure de défis mondiaux tels que le changement climatique ou l’instabilité politique, l’Europe fait face à un besoin urgent d’unité. Et pourtant, le continent reste fragmenté par les perspectives nationales, souvent renforcées par des récits médiatiques se concentrant sur des affaires nationales plutôt que sur des expériences européennes partagées. Le journalisme pan-européen émerge alors comme un force cruciale pour combler ce manque, apportant aux jeunes européens une vision de leur continent plus large et interconnectée. En offrant une perspective européenne plutôt que nationale, les médias pan-européens ont le pouvoir d’informer, inspirer et connecter d’une manière que les médias nationaux traditionnels ne peuvent pas (et, peut être, ne veulent pas) faire.

Qu’est ce qu’un media Pan-Européen?

Les médias traditionnels nationaux ont tendance à traiter les news à travers le prisme des intérêts d’un seul pays, en percevant souvent les nations voisines comme distantes ou inconnues, le craint (et redouté) « autre ». A l’opposé, les médias pan-européens offrent une perspective plus unifiée, qui s’apparente à une approche holistique. « Les journalistes et médias européens se concentrent sur les histoires qui concernent les européens à travers le continent. » explique Julius Fintelmann, co-fondateur et éditeur en chef de The European Correspondent. « Au lieu de voir les évènements qui arrivent à travers un prisme national, les médias européens les voient à travers un prisme européen ».

Ce changement de perspective est essentiel dans la formation d’une identité européenne commune. En parlant d’enjeux communs, de développements politiques, et d’échanges culturels au delà des frontières nationales, le journalisme pan-européen encourage un sentiment d’appartenance et d’objectif partagé entre les jeunes européens.

Informer au delà des frontières

Une des forces principale des médias pan-européens est leur habilité à proposer des informations qui reflètent la réalité d’une Europe connectée. Au lieu de renforcer une vue fragmentée, ils mettent en lumière l’interdépendance entre les pays, des politiques économiques jusqu’au crises environnementales. « Avec les évolutions de ces derniers mois et années, l’Europe n’a pas d’autre choix que de rester unie. » déclare Stijn Frankfoorder de Are We Europe, un media collectif à but non lucratif. « Les médias européens ont le pouvoir de nous inspirer et de nous informer sur nos enjeux communs et les choses qui nous relient. Là où les médias nationaux souvent perçoivent les pays voisins comme « étrangers », les médias européens aident à sensibiliser sur les défis communs au delà des frontières. »

En informant les audiences sur les enjeux qui affectent le continent entier, le journalisme pan-européen favorise une plus grande prise de conscience sur nos responsabilités communes. Que ce soit l’impact du Green Deal Européen, les politiques migratoire aux frontières, ou les lois sur la sécurité digitale, aborder ces sujets depuis une perspective européenne permet aux jeunes d’élargir le contexte de leurs vies quotidiennes.

Inspirer une sphère publique européenne plus forte

En ce qui concerne le journalisme, fournir des informations est un objectif important – et noble -. Mais le pouvoir d’inspirer peut vraiment tout changer. A l’heure où de nombreux jeunes européens se sentent déçus par la politique ou sceptiques à propos du futur, les médias qui offrent un journalisme constructif, orienté vers des solutions, peuvent contrer ces sentiments pessimistes sombres et moroses.

« Les médias européens doivent porter plus d’attention sur montrer la pertinence d’une histoire à ses lecteurs, » déclare Fintelmann. « Par exemple, très peu de ce qui se passe à Riga est pertinent pour quelqu’un vivant à Lisbonne; très peu de ce qui se passe à Berlin intéresse quelqu’un à Ankara. Dans notre travail, à The European Correspondent, nous voyons nos lecteurs comme le point de départ et de fin de chaque histoire. D’un point de vue plus global, nous voulons contrer le sentiment de désespoir. Oui, le monde est sinistre et nous devons le décrire tel qu’il est, mais nous ne voulons pas que nos lecteurs se sentent désespérés ou seuls. »

Dans ce sens, le journalisme pan-européen est utile non seulement comme source d’information mais aussi comme une plateforme qui encourage les jeunes européens à croire au potentiel d’une action collective. Que ce soit en parlant d’initiatives locales, mettant en lumière des mouvements pour le climat dirigés par des jeunes ou donnant une voix aux artistes émergents et innovants, les médias pan-européens peuvent jouer un rôle critique dans la motivation des jeunes à s’engager dans leurs communautés et au-delà.

Connecter à travers des histoires communes

La narration est un aspect fondamental de la formation d’identité. Notre compréhension de l’histoire, de la culture et des dynamiques sociales est formée à la base par les récits que nous consommons. Le journalisme pan-européen contribue à créer une identité européenne commune en exposant des récits qui résonnent au delà des frontières.

« Notre vision collective des identités européennes est formée en partie par notre culture et notre histoire -tout cela à travers des récits », remarque Frankfoorder. « Les médias peuvent contribuer à une identité européenne commune en partageant ces récits et en informant les jeunes européens ».

Ces récits peuvent prendre différentes formes: de rapports d’investigations sur les droits du travail à travers l’UE aux essais personnels d’étudiants qui vivent un échange Erasmus. Ils aident à rappeler aux jeunes européens que leurs expériences sont seulement une partie d’une narration plus large et interconnectée, un élément essentiel pour encourager un plus grand sentiment d’appartenance et de cohésion sociale.

Le rôle des jeunes européens dans la formation du futur des médias

En tant que futur de l’Europe, les jeunes jouent un rôle vital dans la consommation et la contribution au médias pan-européens. Les initiatives comme Europavox Campus, qui rassemblent des jeunes journalistes pour parler des enjeux sociaux et culturels depuis une perspective européenne, démontrent comment les médias peuvent donner du pouvoir à la jeunesse pour s’engager dans des dialogues traversant les frontières.

Les plateformes comme The European Correspondent ouvrent aussi la voie à un sphère publique européenne plus forte en encourageant les journalistes à justifier la pertinence de leur article à un public paneuropéen. Cette approche garantit que les médias restent pertinents et attirants, plutôt que perçus comme distant ou déconnectés de la vie des gens. Après tout, les médias ne devraient pas être simplement consommés. Si cela est bien fait, ils représentent un outil public puissant pour renforcer et défendre la démocratie.

Une vue d’ensemble: Renforcer la société civile européenne

En fin de compte, le journalisme pan-européen c’est bien plus que des reportages, c’est aussi construire une société civile européenne plus forte. De manière similaire, interagir avec ce type de media va plus loin que de simplement rester informé, l’objectif, plus noble, est de faire partie d’un mouvement qui envisage une Europe unie, inclusive et démocratique.

Cela peut donner les informations nécessaires pour prendre des décisions en étant informé, encourager des connections entre les gens d’horizons différents et inspirer des actions collectives pour vaincre des défis urgents. Pour y parvenir entièrement, les jeunes européens doivent, en revanche, être mis au courant que, qu’ils soient lecteurs ou contributeurs, ils ont le pouvoir de former les médias qui, à leurs tours, peuvent nous unir et créer une vision commune de leur futur.

Comme le dit Fintelmann : « En fin de compte, nous travaillons pour le renforcement de la sphère publique européenne, qui à son tour renforce la société civile européenne. Je veux contribuer à donner aux Européens le sentiment d’appartenir à ce continent et de jouer un rôle actif dans la définition de notre évolution et de notre avenir. L’Europe doit apprendre à être un continent et à relever les défis de notre époque. Si nous ne nous serrons pas les coudes dès maintenant, nous allons perdre. »